The Big Sky I – La Captive aux yeux clairs de A. B. Guthrie

Voilà un livre que je n’aurais jamais lu toute seule. Je ne me sens pas particulièrement attirée par l’univers de la conquête de l’Ouest, je ne sais pas pourquoi. Mais la lecture de la saga de l’été organisée par Jessica est devenue une sorte de rituel depuis Autant en emporte le vent, un rituel qui installe les vacances alors je me suis laissé tenter.

Voici la quatrième de couverture :

En 1832, Boone Caudill et ses amis trappeurs rejoignent une expédition vers le Haut-Missouri, vaste région sauvage où vivent les Indiens BlackFoot. Teal Eye, une jeune Black Foot, fait partie du voyage. Va-t-elle pouvoir servir de cadeau pour les Indiens qui défendent farouchement leur territoire ? Dans les paysages immenses et mythiques de l’Ouest américain se déroulera alors une grande épopée encore plus saisissante, plus iconoclaste, plus vraie que le chef-d’œuvre de Howard Hawks (1952), un des plus grands westerns de l’histoire du cinéma.

En tant que premier tome d’une saga, ce roman prend son temps. Il pose patiemment les choses, les lieux, les personnages. C’est l’installation d’une ambiance. De ce fait, la lecture n’est pas immédiatement prenante, il y a de nombreuses longueurs, des répétitions, mais elles ont du sens. Elles ont du sens parce qu’elles symbolisent ce que recherchent Boone Caudill et ses acolytes, ce qui disparaît peu à peu : la vie simple, frugale, rythmée uniquement par l’arrivée d’animaux ou d’autres humains, tendue entièrement sur le présent parce que le passé et le futur se perdent dans l’immensité de ces territoires encore vierges.

J’ai eu plusieurs craintes au cours de cette lecture. J’ai vraiment eu peur, au cours de la deuxième partie, d’abandonner, parce que ça n’avançait pas, à tel point que mon attention ne parvenait pas à se fixer et je me retrouvais à me dire après une page lue que je ne savais pas de quoi il avait été question. J’ai craint aussi les préjugés sur les Indiens et enfin j’ai craint de ne pas être happée parce que, autant l’avouer tout de suite, je n’aime pas Boone.

Craintes injustifiées finalement. Je n’aime toujours pas Boone, certes, mais son évolution n’est pas inintéressante et son destin a une vraie signification. Et puis, j’ai aimé de nombreux personnages qui gravitent autour de lui, notamment Jim qui m’a plu dès sa première apparition, et Dick Summers, le pionnier. Le rythme s’accélère nettement au moment où, paradoxalement, la vie de nos héros devrait se stabiliser (mais là est tout l’enjeu : existe-t-il des trappeurs sédentaires ? Calmes ?), au point que les 200 dernières pages se dévorent.

Je m’attendais à la description d’un univers désertique, suffocant. Mais en réalité, c’est moi qui étais dans le stéréotype. Tous les Etats-Unis ne sont pas arides : en l’occurrence, à la frontière de l’Oregon, c’est plutôt l’inverse et les personnages sont plutôt amenés à lutter contre l’humidité et le froid à certaines périodes de l’année. Quel plaisir toutefois de se projeter dans ces paysages grandioses où l’on côtoie les bisons, les bouquetins, mais aussi les ours. La plume de l’auteur est très immersive de ce point de vue, sans jamais basculer dans un hyperréalisme qui aurait pu rendre certaines scènes (de chasse ou de combat) vraiment glauques, voire insoutenables.

Le lien tissé avec les Indiens est subtil. L’auteur fait vivre des personnages fascinés par ces peuples, et d’autres haineux sans véritable raison. Parfois, les « Longs Couteaux » et les « Peaux Rouges » essaient de se comprendre, parfois c’est impossible. C’est l’histoire douloureuse de deux camps qui s’écrit ici, dans ces terres encore peu peuplées mais au sein desquelles les Indiens, quels qu’ils soient, sont déjà menacés, on le sent.

Bref, ce n’est pas un coup de cœur mais je tenterais quand même de poursuivre l’aventure avec le deuxième tome de la saga. Et vous, vous connaissez ? C’est un univers qui vous attire ou pas du tout ?

Priscilla