Les Classiques de Priscilla – Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare

Spécialisée plutôt en littérature française, je n’ai que rarement eu l’occasion d’étudier des œuvres de langue étrangère, sauf en littérature comparée. Qu’est-ce donc que cela ? Comme son nom l’indique, cette discipline vise à confronter des textes de toutes les langues, de différentes époques, autour d’une thématique, d’un sujet. Pour cette année, à l’agrégation interne de lettres modernes, le thème est « Théâtres de l’amour et de la mémoire ». Trois pièces à étudier : Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été ; Pirandello, Comme tu me veux et Kalidasa, Sakuntala (pièce indienne). J’ai voulu commencer par l’œuvre la plus connue…

Voici la quatrième de couverture :

À la cour d’Athènes, Hermia en appelle à la clémence de son père Égée qui veut lui imposer comme mari Démétrius, alors qu’elle aime Lysandre. Pour échapper à son sort, elle se réfugie dans la forêt, bientôt suivie par les autres protagonistes. Là, Obéron, roi des elfes, qui vient de se quereller avec sa Titania, reine des fées, fait appel au malicieux lutin Puck et à ses philtres d’amour. De nombreuses aventures amoureuses vont alors se croiser, se faire et se défaire, au gré des sortilèges et des intrigues, mêlant monde classique et monde légendaire.
Cette comédie à la fantaisie débridée se double d’une saveur parodique et satirique : les amours heureuses sont-elles possibles sans enchantement ? Avec 
Le Songe d’une nuit d’été, Shakespeare donne libre cours à une incroyable liberté d’imagination qui continue à fasciner le public moderne.

Quelle histoire ici ! Les destins amoureux s’entrelacent, les personnages se croisent entre les arbres, se confondent à la faveur de la nuit, s’entraînent à être d’autres personnages. Le thème du théâtre dans le théâtre est démultiplié ici : on assiste aux répétitions d’une version originale de Pyrame et Thisbé, jouée par des amateurs (dont le recrutement rappelle la scène de Shakespeare in Love), pour un mariage entre un Thésée bien connu et une Hypolita qui l’est bien moins, mariage qui précipite également les destins des êtres magiques, Obéron et Titania, jouant avec les potions et mettant en scène leur propre pièce, à la lumière de la lune.

Cette pièce n’est pas vraiment gaie. Elle est nimbée de nombreuses souffrances, et surtout d’une espèce de plaisir malsain des metteurs en scène, devant cette cacophonie des cœurs, redoublée par ce Pyrame et Thisbé dont les personnages auront une destinée tout aussi tragique que nos bien-aimés Roméo et Juliette (qui voient le jour à la même époque de la vie de l’auteur). S’ajoute à ce prisme le personnage de Thésée, qui ne brille pas par sa loyauté et sa fidélité. Bref, un théâtre de l’amour qui pose question.

Et le théâtre de la mémoire n’est pas plus tendre. Les personnages, ensorcelés, s’oublient, oublient les autres et oublient même qu’ils ont été ensorcelés. Tous, sauf un : Hermia. Restée elle-même jusqu’au bout, elle est la seule qui devra vivre avec ce traumatisme d’avoir été abandonnée pour un temps et d’avoir pardonné. Héléna sera-t-elle vraiment plus heureuse, qui a réussi à séduire celui qu’elle aime grâce à la magie ?

Dans cette espèce de pantomime ininterrompue, la joie surjouée des personnages devient rapidement dysphorique et laisse un sentiment de malaise, un questionnement non résolu, tant pour les personnages que pour les lecteurs. Autant vous dire que j’ai plus que hâte d’avoir des cours sur cette œuvre aussi enchanteresse que dérangeante…

Priscilla

2 Comments

  1. J’ai lu trois pièces de Shakespeare durant l’été » : le roi Lear, Macbeth et Hamlet. J’ai adoré et j’en parle d’ailleurs dans une chronique sur le blog. Par contre le songe d’une nuit d’été je ne l’ai toujours pas lu, à combler 😉 Merci Priscilla d’en avoir parlé 🙂

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