Est-ce ainsi que les hommes jugent ? de Mathieu Menegaux

Voici un roman qui traînait dans ma PAL depuis longtemps, le résumé m’a toujours plu mais je n’ai jamais pris le temps de me lancer, c’est chose faite !

Voici la quatrième de couverture :

Alors que Gustavo est à l’aube d’une journée déterminante pour sa carrière, la police fait irruption à son domicile. Placé en garde à vue pour homicide volontaire, questionné, bousculé, Gustavo s’effondre. Son épouse Sophie s’acharne à tenter de démontrer son innocence.

Mais comment rétablir la justice dans une société où les réseaux sociaux et le tribunal de l’opinion font désormais la loi ?

Un roman bref mais d’une incroyable puissance ! Dans ce récit effroyablement réaliste, il n’y a pas de « méchant », pas de coupable qu’on peut se permettre de détester. Il n’y a que des humains qu’on comprend, qu’on voudrait secouer, apostropher et consoler en même temps. Il y a un mécanisme implacable qui emprisonne les hommes, tout autant que la vérité.

En quelques pages, on assiste, à plusieurs années d’intervalle, à une scène de crime et à l’arrestation d’un coupable dont on sait qu’il n’est pas coupable. Alors on est d’abord en colère contre les policiers, contre ces hommes qui ne devraient tout simplement pas avoir le droit de se tromper puisqu’ils décident de la vie d’individus, mais qui se trompent parfois. J’ai été révoltée par leur désir de mettre Gustavo sous les barreaux à tout prix. Et puis on croise la fille de la victime, cette gamine devenue orpheline à douze ans, que l’inspecteur a réconfortée par une promesse, intenable, inacceptable mais ô combien sincère. Et on comprend…quand même !

Mais face à cela, il y a un homme lambda qui pourrait être notre père, notre frère ou notre époux. Il y a une famille qui pourrait être la nôtre et s’il n’est pas coupable, il est clairement une victime. Et puis tout s’emballe : des preuves formelles qui se trompent, une épouse qui se bat, une fille qui refuse qu’il n’y ait pas de coupable, un accusé qui ne peut pas être juste innocent.

C’est juste, sans fioritures, sans étalage de sentiments. C’est simplement le récit d’une série d’erreurs, de pardons qu’on ne peut accorder, d’incapacités qu’on ne peut admettre. C’est un texte où l’amour est autant salvateur qu’aveuglant. On plonge dans les esprits et les souvenirs des uns et des autres, et on se surprend à être toujours du côté de celui qui parle. Tour de force de l’auteur et leçon de vie : la réalité est souvent bien trop complexe pour qu’on y distingue le coupable idéal.

De tragédies avérées en tragédies évitées, les destinées de ces êtres s’entrecroisent avec une seule finalité : personne ne parviendra à être heureux, personne ne redeviendra comme avant. Un drame a eu lieu, pour tous, pas au même moment, mais aux conséquences désastreuses… L’humain est fragile, il oublie trop souvent qu’il n’est qu’humain.

Priscilla

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