Les Classiques de Priscilla – Gatsby de Francis Scott Fitzgerald

Lu dans le cadre du Café du Classique, Gatsby fut pour moi une relecture mais dont les souvenirs étaient tellement lointains que c’était presque une découverte. Je me rappelle l’avoir lu au moment de la sortie du film de Baz Luhrmann avec Leonardo Di Caprio, mais même ce film, il me semble l’avoir oublié.

Voici la quatrième de couverture :

Au début des années 1920, dans une débauche de luxe, d’alcool et d’argent, un mystérieux personnage s’installe à Long Island dans un domaine incroyable d’extravagance. Qui est ce charmant et légendaire Gatsby, incarnation du pouvoir et de la réussite, dont les fêtes attirent toute la société locale ? Les rumeurs les plus folles circulent. Un espion ? Un gentleman anglais ? Un héros de guerre ? Un mythomane ?

Une vérité plus profonde se cache derrière l’orgueil et la magnificence de Gatsby, celle d’un ancien adolescent pauvre et d’un amant trahi qui ressemble beaucoup à Fitzgerald lui-même.

Le vingtième siècle ne fait que commencer mais la fête semble déjà finie…

Au moment d’écrire cette chronique, je me rends compte que je ne suis pas capable de dire si j’ai aimé ou non ma lecture et à quel point. Je pense que j’ai apprécié et que j’ai été accrochée par plusieurs éléments. Par l’ambiance d’abord. Les fêtes de Gatsby sont aussi somptueuses qu’elles semblent dépourvues d’humanité. Tout le monde s’y rend pour paraître, pour être vu, mais personne, ou presque, ne parle à Gatsby qui observe, sans jamais participer, au point même de ne jamais profiter de sa propre piscine. Tout est minuté : les préparatifs en amont, le nettoyage après, la cuisine, la musique mais rien, jamais, n’est personnel. A côté de cette overdose de luxe et de débauche, il y a le voisin, le narrateur qui se fait juge, mais un juge fasciné, attiré par la flamboyance de Gatsby. Ce narrateur nous emmène rencontrer ses amis, ses connaissances (car c’est un monde assez dépourvu de valeurs comme l’amitié) en nous invitant à d’autres soirées, moins bling-bling mais tout aussi hypocrites et snobes. C’est paradoxalement la peinture amère, cynique et non édulcorée de ce milieu qui perd toute sa force d’attraction qui m’a happée dès les premières pages.

Deuxièmement, les personnages. A force de souligner leur fausseté, leurs mensonges, le narrateur nous pousse à vouloir découvrir la vérité de chacun d’eux. Peine perdue et nous le savons dès le départ. Mais nous essayons de percer les mystères. Et ce ne sont pas ceux que l’on croit les plus mystérieux. On apprend vite qui est Gatsby : les pièces se mettent en place progressivement mais on lit rapidement l’amoureux transi derrière l’énigme du nouveau riche. Tout le drame du personnage se situe à ce point de contact : il est le seul à aimer vraiment dans un monde où tout le monde fait semblant. Les mariages doivent paraître parfaits, les enfants doivent donner l’impression d’être bien élevés. Le narrateur est plus difficile à cerner et est, de fait, plus intéressant, plus énigmatique. Les femmes sont tout aussi victimes que coupables de leur destinée. Daisy, déchirée entre son attrait pour le confort, l’argent et la réputation d’une part et pour l’amour et la passion qu’elle inspire d’autre part, ne fait que suivre la dernière opinion qu’on exprime. Aucun sacrifice, aucune preuve d’amour ne suffisent à la convaincre de tout abandonner.

Quant aux autres, ces personnages médiocres par leur statut d’êtres secondaires dans la narration mais aussi par leur dimension morale, ils accentuent la noirceur de ce monde à paillettes. Aucun ne vient relever l’ensemble et donner envie de rendre justice à cet univers. J’ai refermé ce roman avec un goût amer en bouche comme s’il était le symbole d’une société ruinée dans ses fondations, une société dans laquelle l’amour, l’amitié, la franchise et la loyauté sont condamnées à disparaître, à devenir en tout cas des étiquettes que l’on brandit avant de prendre le temps de les comprendre, de les lire même.

Le troisième élément qui m’a tenue en haleine à la lecture de ce court roman, c’est le rythme. Du tapage nocturne des fêtes du héros aux disputes dans les salons, le bruit ne fait jamais l’action. Il ne se passe en réalité pas grand-chose dans Gatsby… Sauf dans les trois derniers chapitres. A ce moment-là, tout s’accélère et on perd pied, personnages comme lecteurs. On s’aperçoit que certaines choses ont été dites et qu’on ne les a pas entendues, que certaines actions dangereuses sont en train de se nouer et qu’implacablement le destin s’abat sur tous ces êtres. Quel destin ? Est-ce que cela changera quelque chose ensuite ? On comprend très vite que non. Une fois les apparences sauvées malgré les drames, la vie pourra continuer…comme avant, ce qui n’est pas forcément la meilleure des fins… C’est même plutôt sordide !

Priscilla

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