Dans l’ombre des Tudors – Tome I – Le Conseiller d’Hilary Mantel

Premier tome d’une trilogie historique, ce roman d’Hilary Mantel fut un sacerdoce. Heureusement, je l’ai découvert dans le cadre d’une lecture commune et comme j’ai tardé à le commencer, les copines m’ont promis un roman passionnant…plus tard, après beaucoup de pages et de patience !

Voici la quatrième de couverture :

Angleterre, 1520. Règne des Tudors. Le roi Henri VIII n’a pas de fils pour lui succéder. Situation préoccupante qui pourrait entrainer le pays sur le chemin de la guerre civile. Aussi décide-t-il de divorcer de Catherine d’Aragon, avec qui il est marié depuis plus de 20 ans pour épouser Anne Boleyn, dont il est tombé amoureux. Son conseiller, le cardinal Wolsey échouant à obtenir l’accord du pape, un jeune homme plein de fougue et de ressources va peu à peu entrer dans les bonnes grâces du roi et l’aider à vaincre l’opposition. Son nom : Thomas Cromwell. Ambitieux, idéaliste et opportuniste à la fois, fin politicien et manipulateur né, celui-ci est au début d’une carrière qui va modifier profondément et durablement le visage du royaume. Avec Dans l’ombre des Tudors, vainqueur du Booker Prize et salué dans le monde entier par une critique unanime, Hilary Mantel nous propose un fabuleux voyage au cœur d’une société en plein bouleversement. Prenant pour sujet l’une de ces périodes clés de notre civilisation où l’histoire, la politique, les passions et les destinées individuelles se confondent, elle nous livre un portrait sans précédent de la maison Tudor. 

J’aime beaucoup les romans historiques, vraiment, encore plus ceux qui se passent au contact de la cour, en plein cœur du mécanisme du pouvoir. Etonnamment, je n’en avais jamais lu se déroulant à cette époque conflictuelle. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je me suis lancée dans cette lecture. Mais c’est avec beaucoup de bonne volonté, voire de discipline que je l’ai achevée.

Bien sûr, les méandres de l’époque nécessitent de poser l’action, le contexte. Il faut comprendre les enjeux politico-religieux du divorce du roi : il avait déjà épousé la veuve de son frère contre l’avis de certains et devant l’absence d’héritier (et son attirance pour une autre), il décide de prétexter l’aspect contre-nature de cette première union pour en obtenir l’annulation. Tentatives de persuasion, de corruption, de menaces se succèdent sur le pape mais en vain, ce qui donnera la création de l’église anglicane, non sans heurts. Bref, lourd contexte.

A cela s’ajoute le choix de l’autrice de suivre son personnage principal, Cromwell, dès l’adolescence afin de peindre de lui un portrait total. De fait, toutes les réactions, les émotions de Cromwell se justifient. Mais à quel prix ? Franchement, toute la première partie (et on parle de la première moitié de 900 pages tout de même, donc c’est long !) m’a semblé ennuyeuse. J’ai beaucoup apprécié le personnage du cardinal qui prend Cromwell sous son aile et j’ai trouvé absolument fascinante l’ascension de ce jeune homme sans passé, sans appui, qui observe, qui questionne et qui, très rapidement, sait quoi dire, quand et à qui. Mais j’ai quand même bien souvent failli laisser tomber. Trop de personnages, des éléments difficiles à suivre (pourquoi le Cardinal chute-t-il si dramatiquement), des promesses de vengeance que Cromwell n’oublie pas (mais nous, si !), des échanges de lettres, de lieux… Le chaos !

Pourtant, j’ai tenu et j’en suis plutôt contente. En effet, la deuxième moitié est sans commune mesure avec la première. Le rythme s’emballe dès que Cromwell est introduit à la cour après la mort de son protecteur. A partir de cet instant, on entend les rumeurs, les messes basses, les complots mettant en scène Anne Boleyn (un personnage riche et complexe, une peste, sincère mais manipulatrice), le roi Henri mais aussi le reste de la famille Boleyn et tout l’entourage du roi (ennemis du cardinal), Thomas More (dont l’itinéraire est très intéressant mais m’a donné la migraine). Cromwell devient, contre toute attente, l’homme qu’il vaut mieux avoir dans sa poche, celui qui parle à l’oreille du roi et de sa reine (pour ceux qui la considèrent comme telle) et celui qui reçoit leurs confessions : les angoisses quant à l’arrivée d’un héritier, la jalousie, l’envie d’en découdre ou au contraire la peur. Bref, on entre ici dans le vif du sujet, dans ce qui, à mon goût, fait tout le sel du roman historique, et je me suis régalée (pour filer la métaphore culinaire).

L’autrice a prévu des pauses pendant lesquelles le personnage principal et nous-mêmes pouvons souffler. Il s’agit de toutes les scènes de vie familiale et domestique. Ce sont, selon moi, les plus riches et les plus utiles pour comprendre et pour apprécier Cromwell. Ce n’est que là qu’il se défait de son costume d’insensibilité et de froideur : il devient un père de famille au sens large, un administrateur de biens attentionné, un ami attentif et loyal. Cette peinture est nécessaire pour contrebalancer l’image de l’homme politique et pour que l’on s’attache à Cromwell.

Le bilan reste positif donc, et malgré un début difficile, je me lancerai dans le second tome, avec cette fois l’espoir que tout a été posé et que ça ira tout de suite bien… Affaire à suivre !

Priscilla

1 Comments

  1. J’ai justement ce roman dans ma PAL depuis sa sortie poche mais j’ai exactement les craintes des longueurs que tu décris. Je sais qu’un jour je le lirai, d’autant en sachant grâce à toi que la seconde partie vaut grandement le coup mais il faut que je me mette un coup de pied aux fesses 🤣

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