La duologie Six of Crows de Leigh Bardugo

L’avis de Mag:

Lecture commune avec ma cop’s Priscilla qui m’a convertie à l’univers des Grishas, cette dernière a montré un tel enthousiasme pour la trilogie de Leigh Bardugo, que je ne pouvais pas passer à côté. J’ai rapidement rejoint la team des fans, tout naturellement nous nous sommes donc dirigées vers une lecture commune de Six of crows. Je possédais les romans depuis plusieurs années mais l’occasion ne s’était jamais présentée. J’ai été un peu plus longue que Priscilla à terminer cette duologie, tout d’abord parce qu’elle lit plus vite que moi, c’est une évidence, mais aussi parce que mon enthousiasme était probablement un peu moindre, vous en aurez rapidement confirmation ou pas, puisqu’elle vous donnera son ressenti à la suite du mien.

J’avais été séduite par les émotions qui irradiaient d’Alina et de Mal dans la trilogie des Grishas, j’ai eu cette fois plus de difficultés à comprendre les relations complexes entre Inej, Kaz ou encore Nina et Matthias. Cette légère déception ne prend cependant pas le pas sur la fascination qu’exerce sur moi cet univers, riche et complexe, l’auteure ne fait pas dans la facilité, elle nous dépeint des personnages sombres avec des histoires plus terribles les unes que les autres. Vengeances, arnaques tout y est, cette bande d’adolescents ne nous épargne rien et n’a surtout peur de rien, ce qui me permet de revenir sur les beaux sentiments et les émotions qui m’ont fait défaut, ils n’auraient au final pas eu leur place au cœur de cette saga si profonde de noirceur.

Foison de détails et événements en cascade, c’est une lecture qui demande une liberté totale, en effet il est nécessaire d’être disponible afin d’appréhender en totalité ce que l’auteure nous propose, certaines scènes m’ont profondément marquée, telles que les souvenirs de Kaz et les raisons pour lesquelles il est à présent « Dirtyhands ». Il m’aurait peut-être fallu patienter quelques jours avant de vous donner mon avis, mais il m’est difficile de passer à autre chose si je n’ai pas couché les mots sur mon clavier, c’est chose faite.

Ici et là, l’âme de ces jeunes dont l’âge tourne autour de 17 ans ressurgit et le sourire s’invite sur nos lèvres, un adolescent ne peut définitivement pas perdre ses réflexes d’enfant, enfance qui n’est au final pas si loin. Je laisse la place à Priscilla, avec qui je suis toujours heureuse de partager et de discuter d’un bon livre.

L’avis de Priscilla :

Si ma lecture des trois tomes de Grisha fut une révélation, la poursuite de l’aventure guidée par Leigh Bardugo avec Six of Crows fut plus sombre, mais fascinante elle aussi. Il a d’abord fallu accepter la frustration de ne pas croiser Mal, Alina ou le simple nom du Darkling, de fréquenter à peine Nikolai, Nina et Genya. L’autrice réussit le défi de parcourir le même univers, mais d’un point de vue complètement différent, celui des voyous de Ketterdam. Il m’est impossible de faire abstraction du vide qu’ont laissé ces personnages emblématiques que je n’ai pas eu le bonheur de retrouver ici et pourtant, ceux que l’on rencontre dans le Barrel sont énigmatiques et d’une richesse incroyable.

Parce que ce que je retiendrai surtout de mon aventure à Ketterdam, c’est ma fascination pour cet hypnotisant personnage qu’est Kaz Brekker. L’ordure du Barrel, l’homme à la canne et aux gants, Dirtyhands est un être à part. On oublie qu’il n’a que 17 ans, on apprend son passé par flashs qu’il ne partage pas. Sa cruauté n’a d’égale que sa loyauté. Sa franchise n’a aucune limite, tout comme sa soif de vengeance. Sombre, mais jamais complètement pourri par cette vie de trahisons et de souffrances, Kaz est le chef idéal (pour le lecteur, peut-être pas pour ses disciples). Ses acolytes prennent eux aussi un relief sans cesse grandissant parce qu’on découvre leurs carapaces, avant d’avoir accès à leurs faiblesses, souvent liées à leur enfance.

Ces bandits, ces criminels ne sont pourtant que des adolescents qui ont appris à se battre avec les règles imposées par les aînés : Per Haskell, Pekka Rollins, les « parrains » de Ketterdam, mais aussi les mercuriens, ces commerçants qui ne vénèrent que la loi marchande et qui sont prêts à tout pour leur profit, ne volant, eux, que discrètement et par fourberies. Kaz Brekker est loin d’être le seul escroc ! Et dans cet univers sombre et sans pitié, les sentiments sont des points faibles qu’il faut taire. La beauté de ces relations se trouve paradoxalement dans ce bâillonnement qui devient bouillonnement. Les scènes qui pourraient devenir romantiques sont avant tout des scènes de frustration mais quel meilleur moyen de faire sentir la puissance d’un désir que de le contraindre ?

Et quel rythme ! Le souffle de l’action est sans cesse renouvelé : il faut sortir un fjerdan de prison, kidnapper un sorcier d’un palais de glace, délivrer l’un des siens d’un théâtre piégé… Ca ne s’arrête jamais ! Et l’on sent bien que cette tension vers la fin, vers l’apaisement des conflits, vers le triomphe, est source d’angoisse pour ces êtres qui ne vivent que de dangers. Que seront-ils quand ils n’auront plus à se battre pour survivre ? Comme pour Mal et Alina que l’on voit à peine heureux loin de Ravka, nous ne pouvons que conjecturer le sort d’Inej sur son bateau, de Jesper et Wylan , de Kaz dans le Barrel, de Nina seule… Il nous reste une duologie à découvrir, elle nous fera revenir à Ravka, mais je ne suis plus dupe. Je crois bien que j’ai dit adieu à Kaz pour un moment…

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