Un tout petit rien de Camille Anseaume

Ce petit roman, qui se dévore, aborde un sujet connu de tout un chacun mais constamment sur le fil, à la frontière : devenir mère. Sauf qu’ici, la grossesse n’est pas désirée et le bébé n’est pas arrivé…

Voici la quatrième de couverture :

« On n’a ni projets ni même le projet d’en avoir. Le plus gros engagement qu’on ait pris ensemble, c’était de se dire qu’on s’appellerait en fin de semaine. C’était quand même un mardi. On s’aime surtout à l’horizontale, et dans le noir, c’est le seul moment où on n’a plus peur de se faire peur, où on ose mélanger nos souffles sans redouter que l’autre se dise que ça va peut-être un peu vite. C’est beaucoup plus que sexuel, c’est beaucoup moins qu’amoureux. C’est nos culs entre deux chaises, c’est suffisant pour faire semblant de faire des bébés, pas pour en avoir. »
 
Avec un humour et une justesse remarquables, 
Un tout petit rien raconte l’histoire d’un choix. Le choix que fera une jeune femme enceinte de l’homme qui partage ses nuits, mais pas beaucoup plus. Un très joli roman, aussi intime qu’universel, sur le passage mouvementé d’une existence à une autre.

Quand on a 25 ans, qu’on a un mec mais pas un couple, un test de grossesse positif, c’est une déflagration. Alors que tout le monde, autour d’elle, n’a que des certitudes, la vie de Camille bascule du côté du doute. Il faut comprendre, dans ce déferlement d’émotions, ce qui est de la peur, de la raison, de l’amour (déjà ?). Dans cette histoire qu’elle doit conclure seule, une impression domine : cette conclusion inclura plusieurs vies, la sienne, celle du père, celle de l’enfant et toutes les autres, plus ou moins liées, plus ou moins importantes, qui se donneront plus ou moins d’importance.

A l’aube de commencer (ou non) une nouvelle famille, Camille se retrouve aux prises avec sa famille à elle, avec une mère excessive bien qu’aimante, un père résigné mais pas assez heureux. Les jugements se généralisent dans ce contexte au sein duquel, de toute façon, la femme est jugée. Et ça, Camille en prend très rapidement conscience. Alors ce sera son choix à elle, peu importe ce que diront les autres !

Ce roman est très touchant parce que cette jeune femme, seule, mais déjà deux, ne fuit pas ses responsabilités. Elle affronte les doutes, les craintes, la solitude, le regard des autres, non avec assurance mais avec résilience, jusqu’au choix qui la rendra plus forte.

Une histoire assez universelle donc mais avec ses mots à elle. Des mots vraiment doux, vraiment incisifs aussi. Camille dit sa souffrance, sa colère, le sentiment d’injustice, la maternité qui s’éveille, la femme qui résiste, la fille qui se rebelle. C’est beau et ça n’est jamais manichéen, c’est ce qui m’a le plus touchée. Même le père est traité de manière fine et nuancée. On la voit douter, évoluer, se rassurer, paniquer, mais jamais juger. Dans ce texte, le choix est personnel, c’est celui de Camille, et il ne s’agit pas d’un manifeste « pro » ou « anti »-avortement. Bien au contraire, tout est traité avec légèreté comme dans la tête d’une jeune fille de 25 ans, avec beaucoup d’humour et de cynisme parfois, mais une jeune fille sur le point de devenir mère, donc avec une certaine maturité et une forme de poésie.

Une lecture qui m’a profondément touchée et que je vous conseille pour un peu de douceur, sans aucune mièvrerie.

Priscilla

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