Les Classiques de Priscilla – Les Pleurs de Marceline Desbordes-Valmore

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler de poésie aujourd’hui. Pourquoi ne le fais-je pas plus souvent ? La poésie est un art à part, selon moi, en littérature. Elle est un chant, qui ne raconte pas forcément une histoire et qui, de fait, n’est pas forcément aussi attirante que ne le sont les romans. Je trouve que l’appréciation de ce genre est plus suggestive, plus subjective aussi… Pourtant, à chaque programme d’agrégation, son ou ses œuvre(s) poétique(s). Cette année, pour le XIXe siècle, c’est une poétesse qui est étudiée : Marceline Desbordes-Valmore.

A son époque et dans la postérité immédiate, elle est reconnue, notamment par ses pairs. Sainte-Beuve, Baudelaire, Verlaine louent ses vers et sa manière, mais – oui il y a un « mais » – ils la louent comme une femme, une simple femme, devrais-je dire… Marceline Desbordes-Valmore écrit des vers remarquables, pour une femme !

Surnommée « Notre-Dame-des-Pleurs », la poétesse est reconnue pour la sincérité de sa voix, la pureté de son chant, la douceur de ses mots/maux. Elle évoque sa vision idéale de l’amour, les douleurs de la rupture, les joies et les souffrances liées à la maternité, la religion apaisante, tous discours proprement féminins. Mais, en étudiant attentivement ses poèmes, l’on s’aperçoit que ses contemporains, si grands et méritants soient-ils, n’ont pas tout vu, ni tout senti de l’œuvre de Marceline Desbordes-Valmore.

La poésie de cette femme n’est pas que douceur et plainte : elle sait se montrer dure, en colère (Le savais-tu déjà, lorsque tu m’as charmée, / Que de plaire est un crime et d’entendre une erreur ? / Pour l’oublier aussi tu m’as donc bien aimée ? / Et le ciel, tout le ciel, n’était-ce pas ton cœur ?), révoltée contre les hommes, contre les états (Laissez-nous l’esclavage, et laissez-leur les crimes ; /
Le roi le plus dévot ne croit pas à l’enfer !
), contre Dieu lui-même. Derrière cette tonalité élégiaque, il y a une ouverture au monde de la femme, de la mère, mais surtout de la poétesse.

Ce recueil est le fruit d’une expérience, d’un contexte, d’un vrai travail que Marceline Desbordes-Valmore fait en collaboration avec son mari, son amant, ses pairs. Elle joue avec tous les types de rimes, toutes les strophes, toutes les formes fixes, avec une virtuosité qu’on lui prête pas avant de la connaître.

Ce qu’il y a de bien avec la poésie, ce sont justement les défauts qui lui sont imputés quand on la compare au roman : il n’y a pas d’histoire suivie, c’est une figure de poète qui se construit à travers chacun des textes. On peut les lire à la suite, on peut picorer dans un recueil au gré du hasard et on trouvera toujours quelque chose qui nous ressemble, qui nous rappelle quelque chose. Le vrai langage poétique, c’est celui qui nous touche, peu importe le sujet. Et en cela, Marceline Desbordes-Valmore n’a rien à envier à ses pairs masculins, je vous le garantis !

Priscilla

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