Les Classiques de Priscilla – Le Temps retrouvé de Marcel Proust

Et bien voilà, ça y est, j’ai officiellement lu A la Recherche du Temps perdu et c’est, je dois l’avouer, avec une grande fierté et beaucoup d’émotion que j’ai refermé ce dernier opus, Le Temps retrouvé. Bon, je n’ai pas pleuré… Il va falloir que je relise le premier volume pour faire le lien entre le début et la fin et je vais devoir relire au moins deux fois le dernier en lui-même qui est au programme du concours. Je n’en ai donc pas fini avec Marcel Proust, et c’est très bien !

Voici la quatrième de couverture :

Point d’aboutissement du grand projet romanesque de Proust, Le Temps retrouvé est le moment de la révélation par l’art : le Narrateur comprend qu’il doit écrire l’œuvre que le lecteur s’apprête précisément à finir. Parcouru par le spectre de la Grande Guerre, par la peinture des désirs inavouables et des dernières mondanités, mais aussi et surtout par l’idée de beauté, ce livre propose plus qu’une conclusion : une invitation à devenir soi-même auteur de sa propre vie.

Comme toutes les conclusions d’œuvres conséquentes, cette dernière partie est absolument magistrale. Je vous ai déjà parlé de ce passage du temps, central dans l’œuvre proustienne, qui faisait évoluer le narrateur, les personnages, mais aussi la perméabilité sociale, morale, humaine. Ici, nous atteignons l’acmé du processus dans un Paris lui aussi irrémédiablement transformé par cette violente entrée dans le XXe siècle que compose la Première Guerre Mondiale.

Eloigné de tous les univers (Guermantes, Combray, Balbec…) par sa maladie chronique, le narrateur nous offre des passages dans la capitale, des rencontres fortuites, des éclairs de changement, jusqu’à son retour définitif, officialisé par son invitation à la Matinée de la Princesse de Guermantes. Alors que le lecteur pourrait s’attendre à une répétition de toutes les fêtes mondaines des précédents tomes, c’est sur un tout autre registre que se jouera celle-ci.

D’abord parce que, comme nous, le narrateur est submergé par toutes ces anciennes visites aux Guermantes, et c’est alors qu’il se plaint du déménagement du Prince qu’il sera envahi par la réminiscence. Avant même de rencontrer les personnages qui ont hanté son existence, en rêve (dans les deux premiers tomes) et en réalité, il retrouvera dans un pavé plus haut que les autres, le phénomène incontrôlable de la fameuse madeleine. Il comprend alors le rôle de la mémoire, du temps, des sensations et de ce mensonge dont nous n’avons même pas conscience quand nous forçons les souvenirs à remonter à la surface. La Recherche, en tant qu’œuvre, naît sous nos yeux et nous lisons alors toutes les clés de compréhension de cette œuvre-cathédrale, parfois difficile, parfois fastidieuse parce qu’elle se veut, non pas le récit d’une vie, mais la retranscription de tout ce qu’il y a d’universel dans une vie.

Puis il les reverra tous. Et dans les marques de leur vieillissement, il sentira le sien. A cette certitude que tout peut revivre par le souvenir s’ajoute cette angoisse de la mort qui approche et qui, elle, peut tuer le passé si l’on ne se dépêche pas de le graver. Dans ce bal des têtes, on se délecte de descriptions parfois drôles, souvent cyniques mais profondément tristes aussi. Il y a la caricature des présents qui ne veulent pas vieillir et il y a le silence entêtant de tous ces absents, dont on continue, à l’instar du narrateur, à sentir la présence.

Le Temps retrouvé c’est toute la puissance de l’ombre de la guerre, de la menace de la mort mais toute la promesse aussi d’une œuvre à venir, atemporelle et universelle dont nous ne sentons que trop qu’elle ne nous quittera jamais vraiment. Une expérience qui n’est pas de tout repos mais qui laisse une marque indélébile de beauté et de transcendance. L’aventure vaut la peine d’être vécue…

« La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c’est la littérature. »

Priscilla

Votre commentaire

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s