Parfois, le programme de l’agrégation permet de lire des œuvres hors-programme et parfois, comme aujourd’hui, il permet de lire des auteurs qu’on adore ! Ce fut mon cas avec la biographie de Marceline Desbordes-Valmore écrite par Stefan Zweig.
Marceline est une poétesse du XIXe siècle, c’est son recueil Les Pleurs qui est au programme de ce siècle cette année. Je ne me suis pas encore plongée dans cette lecture car je veux me mettre au point sur la poésie lyrique afin de repérer plus rapidement les lignes de force du recueil. Mais c’est avec grand plaisir que j’ai découvert son histoire.
Stefan Zweig a découpé son récit en quatre parties. Dans la première, il évoque la vie de la femme, dont sont issus tous ses poèmes personnels ; dans la seconde, il propose des textes qu’il a choisis parce qu’ils l’ont marqué ; dans la troisième, il nous offre quelques extraits de sa correspondance ; enfin, dans la dernière, il nous donne à lire les écrits d’auteurs contemporains au sujet de Marceline Desbordes-Valmore.
C’est une très bonne entrée en matière. La première partie est courte mais très intéressante en qu’elle montre en quoi la vie de la poétesse sera le réservoir inépuisable des peines et des émotions à l’œuvre dans ses textes. De son enfance difficile, vite passée à cause de la mort précoce de sa mère, à sa vie de jeune femme devant subvenir aux besoins de sa famille, épuisant dans les théâtres sa voix et son talent, Marceline est forte et sage. Elle rencontre l’amour, avec un homme dont on ne sait pas grand-chose et dont nombre d’auteurs ont cherché en vain l’identité. Cet homme aime, promet et part, alors que la jeune femme a un enfant de lui. Les débuts de sa vie de femme ne l’épargnent pas davantage que ses jeunes années. Ayant perdu son enfant, Marceline retourne au théâtre et se refuse à l’amour, mais elle rencontre un homme différent, un homme qui l’aime, qui la sublime et à qui elle acceptera de faire confiance. Elle aura d’autres enfants de lui, et une vie de famille saine, mais pauvre. Luttant toute sa vie pour ses enfants, elle n’oublie jamais le premier homme et ne parvient à écrire des poèmes que sur cette première passion. Vieille dame, la vie ne l’épargnera encore pas et c’est cette tristesse qui s’acharne qui nimbera tous ses recueils.
Les autres parties sont très bien amenées puisque chaque texte recopié a été mentionné dans la biographie et porte en lui un contexte qui lui rend hommage. Les lettres constituent des preuves tangibles des événements racontés plus tôt : elle y évoque ses peines, ses joies, ses inquiétudes, sa lutte pour vivre décemment et faire vivre ses enfants. La dernière partie est également essentielle en ce qu’elle rend à cette artiste la place qu’elle avait déjà à son époque. Si elle n’est pas forcément aujourd’hui un « standard » de la poésie du XIXe siècle, les lettres de Victor Hugo, Sainte-Beuve ou Baudelaire montrent que son talent avait déjà été reconnu.
Bref, une excellente entrée en matière et un beau moment de lecture, comme sait les offrir Stefan Zweig.
Priscilla
Ohun Zweig que je ne connais pas. J’ai surtout lu ses nouvelles pour l’instant avec beaucoup de bonheur. Ce texte plus long m’attire aussi beaucoup.
Merci pour la découverte !
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Avec plaisir ! J’ai lu Marie-Antoinette en biographie et c’est magique, bien plus fournie que celle-ci évidemment. Ça se lit comme un roman passionnant !
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J’ai aimé cette poétesse au point des créer des musiques pour ses textes lorsque le m’occupais d’un Cabaret Littéraire. De toute beauté!
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Génial!!!!! Ça doit être top comme expérience !
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