Lire La Recherche du Temps Perdu fait partie des grands objectifs d’une vie pour tout lecteur de formation classique. Cette somme romanesque est présentée comme géniale par tous les enseignants d’université. Les cours de grammaire sur les subordonnées à la fac pouvaient s’appuyer sur un exemplier uniquement extrait des œuvres de Proust. C’est en deuxième année que j’avais découvert Un Amour de Swann, la partie centrale de Du Côté de chez Swann, et j’avais beaucoup aimé. C’est pour cela qu’un jour, comme nombre d’étudiants, j’ai décidé que je lirai l’intégralité de La Recherche. J’ai commencé de loin en loin et j’ai déjà lu il y a quelques années Du Côté de chez Swann, A l’ombre des jeunes filles en fleurs et la première partie du Côté de Guermantes que j’ai fini dernièrement.
Voici la quatrième de couverture :
Le Narrateur est entré dans le monde magique des Guermantes, dont le nom, enfant, le faisait rêver lors de promenades à Combray. Voisin de leur hôtel particulier parisien, il cultive son amour pour la duchesse » aux yeux ensoleillés d’un sourire bleu » et son amitié pour son neveu Robert de Saint Loup, alors cantonné dans sa garnison de Doncières. Ce séjour au milieu de ces jeunes officiers compte parmi les épisodes les plus gais et les plus heureux de la Recherche. Dans les salons de madame de Villeparisis, Guermantes elle aussi, il retrouve les foucades énigmatiques du baron de Charlus, figure majeure de cette » race altière « .
C’est l’époque où Marcel va connaître la plus grande douleur de sa vie : la maladie et la mort de sa grand-mère, jusqu’au dernier frisson, au dernier murmure de son agonie, sans doute les plus belles pages, merveilleuses et cruelles, de l’œuvre.
Pour des raisons diverses que je vous exposerai très bientôt, cette fois, c’est décidé je lis cette somme romanesque d’un trait ! Et c’est peut-être la prise de cette décision qui influe sur mon ressenti, mais j’ai adoré !
Proust n’est pas d’un abord facile, je ne le dissimulerai pas. Toutefois, j’ai été agréablement surprise par la fluidité de ma lecture cette fois-ci. Certes, les phrases sont longues, mais je ne les ai que rarement trouvées alambiquées. C’est un rythme, un souffle particulier mais qui ne rend pas l’ensemble incompréhensible. En outre, je crois que je suis bien plus attachée au narrateur devenant adulte qu’à l’enfant un peu solitaire du début.
Dans cette seconde partie de Guermantes, le narrateur accède enfin à ce monde qui le fait rêver depuis Combray, celui des Guermantes. La tension de cette attente est évidemment déceptive et cet univers n’est pas aussi beau qu’il l’avait rêvé. Cette seconde partie est donc très descriptive : c’est d’abord en spectateur que se pose le personnage et ses descriptions sont d’un cynisme que je trouve délicieux. La découverte de M. de Charlus est passionnante, l’individu est aussi mystérieux que détestable, celle d’Oriane de Guermantes est déstabilisante, elle est une femme fine et forte mais je crois que je ne l’aime quand même pas. Je me suis à l’inverse assez attachée à Saint-Loup, élevé de la même manière que les autres Guermantes, mais en marge, par amour d’abord, par bravade ensuite, j’ai hâte de voir comment il évoluera. J’ai très envie aussi de retrouver Swann qui n’est ici qu’une présence discrète mais qui revient dans la suite (oui j’ai déjà bien avancé le tome suivant).
Ce tome est dépourvu d’intrigues amoureuses : Gilberte a disparu, Albertine est toujours là, mais de loin. L’émotion est pourtant très présente, quelle beauté dans la description de la fin de vie de la grand-mère ! On sent poindre les révélations qui continueront dans le tome Sodome et Gomorrhe.
Enfin, et je ne m’y attendais pas, ce roman dévoile les dessous d’une société dans laquelle il convient d’être un peu antisémite, d’être complètement antidreyfusiste et définitivement sectaire.
Bref, je me régale avec cette lecture et contre toute attente, c’est un plaisir de poursuivre avec ces personnages et ce style remarquable, évidemment !
Et vous, vous connaissez ?
Priscilla
C’est l’une de mes envies, d’un jour, réessayer de lire ce monument, je n’avais pas réussi à finir le premier tome étudiante. J’avoue que ton avis sur sa lisibilité me rassure, je me dis qu’avec quelques années de plus, je pourrais peut-être y arriver maintenant ><
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Oui je comprends. Mes premières tentatives avaient été laborieuses mais en vieillissant ou mûrissant (voyons cela d’un œil positif), ça se lit très bien et j’y retourne avec grand plaisir.
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Projet, voilà bien un monument que je n’ai jamais tenté !
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Il n’est jamais trop tard si ça te tente 😉
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