Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi longue à finir un roman… Heureusement que c’était dans le cadre d’un Café du Classique sur Instagram, sinon je ne l’aurais peut-être jamais découvert. Je crois que je n’ai jamais été prise d’un tel doute quant à savoir si j’ai aimé ou non ce roman de Gabriel Garcia Marquez…
Voici la quatrième de couverture :
À Macondo, petit village isolé d’Amérique du Sud, l’illustre famille Buendia est condamnée à cent ans de solitude par la prophétie du gitan Melquiades… Dans un tourbillon de révolutions, de guerres civiles, de fléaux et de destructions, elle vit une épopée mythique, à la saveur inoubliable, qui traverse les trois âges de la vie : naissance, vie et décadence… Ce roman époustouflant est un chef-d’œuvre du XXe siècle.
Bien plus lent que ne l’était L’Amour au temps du choléra que j’ai découvert cet été, Cent ans de solitude est un roman cyclique, c’est même LE roman du cycle. Tout se répète, tout se rejoue sur d’autres tons, mais avec le même rythme. Les prénoms mêmes des personnages ne font que se répéter, en hommage à des ancêtres déviants, dont les successeurs ne seront que l’écho tout aussi trouble.
Au cœur de cette répétition lancinante, parfois morbide, souvent malsaine, certains passages offrent de la poésie pure, grâce à l’empreinte de ce que l’on appelle le réalisme magique. Des symboles naissent et s’évaporent au milieu du carnage de cette dégénérescence familiale.
Macondo semble née de toute l’histoire du XXe siècle latino-américain, de sa découverte presque miraculeuse à sa mort par désertion, avec ses guerres d’indépendance, ses révolutions industrielles, ses grèves, ses mensonges politiques. Ce microcosme sert de contexte à un univers encore plus restreint, celui de la famille Buendia.
Dans cette famille, les hommes sont pris de lubies, qui leur font perdre pied avec la réalité. Tout commence avec le père, José Arcadio, fasciné par les connaissances apportées par les Gitans et notamment par Melquiades. De cette faille initiale (qui n’est pas sans rappeler l’hérédité de Zola) naîtront d’infatigables rebelles politiques, des épicuriens extrêmes, des voyageurs, d’éternels étudiants, des fabricants de petits poissons d’or. Les femmes essaient de composer avec les frasques de leurs époux, frères et fils, à l’instar d’Ursula, la mère, qui tente jusqu’au bout de donner un semblant de droiture à sa lignée.
Oui, mais voilà, tout tournera définitivement autour du sexe, et du sexe séparé de l’amour. La solitude de ces êtres est surtout celle-là : mariages arrangés, abandons, amours à sens unique, incestes… Seule la fin inonde les pages d’un amour incestueux mais passionnel et sincère, mais ce sera la fin. Tous les personnages sont détraqués par leur appétit sexuel ou leur rapport à l’amour. Qu’il s’agisse de celles qui veulent rester vierges et sèment la mort autour d’elles, de celles qui convoitent l’insaisissable, de ceux qui aiment puis quittent, ceux qui ne sauront jamais aimer. Et il n’y a pas que l’amour corporel ! Je vous mets au défi, à la première lecture, de pouvoir retenir de qui tel ou tel personnage est l’enfant, le frère ou la sœur, tous sont élevés dans la maison, sans savoir par qui et pour quoi. A la fin, nous sommes aussi perdus que les deux derniers personnages à propos de la lignée Buendia.
Je crois que je me souviendrai longtemps de ce roman, même si je ne me souviens déjà plus de grand-chose. Il me laissera une impression de grandiose, de désordre, de vacuité et de plein à la fois. Il m’a peu de fois émue, souvent dérangée, parfois révoltée, mais m’a constamment appelée à y revenir. Je pense sincèrement que ce roman pourrait être un genre à lui tout seul, qui ne se comprend que comme un tout, mais peut se lire comme une succession d’histoires, qui raconte l’histoire d’une famille, celle d’un village, celle du monde, mais pas le nôtre, grâce à des personnages qu’il vaudrait mieux fuir s’ils existaient, mais que j’ai aimé fréquenter fictivement. Cent ans de solitude, définitivement, laissera sa marque dans ma vie de lectrice…
Et vous, vous connaissez ?
Priscilla
Je ne connais pas … et à te lire, je n’ai pas trop envie de découvrir. J’avais, du même auteur, apprécié Chronique d’une mort annoncée. Mais 100 ans de solitude après les années Covid, non merci!
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