Le Père-Noël m’a entendue ! J’ai trouvé le second tome de La Saga des Cazalet sous le sapin (et je peux d’ores et déjà vous dire que le troisième a pointé le bout de sa couverture pour mon anniversaire…).
Dans ce deuxième opus, nous retrouvons toute la famille réunie tant bien que mal à Home Place en septembre 1939 alors que plus personne ne se pose de questions sur l’entrée en guerre du Royaume-Uni. Le roman s’ouvre sur cette affreuse tension : qui partira ? Qui reviendra ? Rupert et Edward sont appelés, alors que Hugh, grièvement blessé lors du précédent conflit, doit continuer à maintenir l’entreprise familiale, dont les commandes deviendront très vite nationales. Ce sont donc les femmes, les enfants et les personnes plus âgées que nous suivons principalement. Je ne vous ferai pas de résumé détaillé de l’action du roman, puisqu’il s’agit d’une suite.
J’ai aimé me replonger dans cet univers, avec la certitude cette fois, que bientôt la perfection apparente de ses membres allait voler en éclats. La guerre permet de mettre en pause nombre de conflits qui ne ressurgissent que lors des permissions. C’est dans les questions qui empoisonnent les enfants, devenus plus grands, que la tonalité du roman se joue. Polly, Clary et Louise, notamment, sont à ce moment de la vie où elles ne sont plus des enfants, mais elles ne sont pas encore des femmes. Il leur faut faire des choix dans un contexte qui ne leur en offre que peu. Parmi les trois cousines, il y a celles qui sont obsédées par leur avenir, celles qui restent paralysées par le passé. Toutes évoluent à leur rythme et au contact des questions existentielles et secrètes des adultes.
Ouvrant les yeux sur cet univers qui leur avait été caché, les trois jeunes filles ne s’accordent que sur le fait qu’être adulte n’est pas forcément simple. Leurs parents, si irréprochables, se révèlent des êtres fragiles, fourbes, faux parfois. Leur aveuglement quant à la perspicacité de leurs enfants pourrait prêter à sourire, si ce n’était pas si douloureux pour elles.
Parallèlement, d’autres personnages entrent en scène, vecteurs de bonnes ou de mauvaises nouvelles, vecteurs, aussi, d’un pan du passé dont le premier tome ne nous avait offert que des bribes. Les psychologies s’affinent, s’affirment au rythme des bombardements, des permissions, des informations à la radio. Il n’est pas uniquement question de guerre. Le XXe siècle est aussi celui de l’émancipation des femmes, d’un léger point de vue vestimentaire d’abord, mais c’est le rapport au mariage, à la famille qui bascule peu à peu à travers les choix de Louise, de Clary ou de Polly.
Il me tarde déjà de retrouver les membres de cette attachante famille. Les menaces sont diverses : la vie continue et avec elle, la maladie, la jalousie, l’adultère et les petits bonheurs, heureusement. D’autres enfants sont encore occupés à jouer et à ramasser des escargots, mais ils vont grandir en leur temps. Plus qu’une famille, Elizabeth Jane Howard nous plante une dynastie qui, je le sens, va évoluer avec ce siècle sombre, sanglant mais fascinant qu’est le XXe.
Priscilla