La traversée des temps tome 1 – Paradis perdus d’Eric-Emmanuel Schmitt

Lecture commune avec mon acolyte Priscilla, je la remercie d’avoir lancé cette idée car c’est un incroyable coup de cœur.

Il va être difficile d’en parler sans trop en dire tant cette histoire est passionnante et complète, la première phrase de la quatrième de couverture met en exergue la complexité du pari que s’est lancé Eric-Emmanuel Schmitt:

Cette Traversée des temps affronte un prodigieux défi : raconter l’histoire de l’humanité sous la forme d’un roman.

Le défi est relevé haut la main, c’est un roman bouleversant de justesse et d’émotions, toutes plus fortes les unes que les autres, au fil de notre avancée, Priscilla et moi partagions nos ressentis et même si parfois nos avis divergeaient légèrement, nous sommes au final d’accord sur le coup de cœur qu’a été ce livre. Une fois commencée l’histoire de Noam que nous connaissons aujourd’hui comme Noé, une sorte de transe et de besoin de découverte m’ont traversée, chaque minute de lecture gagnée ne faisait qu’intensifier ma soif d’en savoir plus, encore et toujours. C’est une véritable traversée des temps que vous allez faire durant plus de 550 pages, le titre ne pouvait être mieux choisi, des sentiments contradictoires mais d’une intensité sans pareille vous submergeront et vous rappelleront à quel point seul un livre peut créer cette sensation. J’ai cette impression de connaître depuis longtemps tous les personnages que l’auteur vient de mettre sur mon chemin, tant ils étaient palpables, profonds et complexes. Des bons, des méchants, des forts et des faibles, l’auteur nous démontre que, de tous temps, l’être humain a eu des forces et des faiblesses, il nous prouve que l’histoire de l’humanité est si complexe et diverse que les jugements préformatés que nous en faisons souvent sont erronés.

Je m’attendais, en débutant cette lecture à un constat dramatique de l’état du monde, je craignais l’ennui et le désespoir, j’ai au contraire découvert le début d’un message passionnant qui replace l’humanité à la position qui lui est due.

Mag

Je partage indubitablement le ressenti de Magali sur cette lecture ensorcelante qu’a été Paradis perdus. J’avais lu de nombreux avis très enthousiastes sur ce roman, aussi les 70 premières pages m’ont-elles paru un peu décevantes. On y découvre la vie assez plate de Noam, fils du chef Pannoam, dans un village sédentarisé du néolithique. Mais entrent en scène deux personnages centraux, Tibor et sa fille Noura, et à cet instant, la destinée de Noam bascule complètement. C’est alors un tourbillon d’émotions qui m’ont submergée et un rythme narratif comme on n’en rencontre que peu. A cet égard, la comparaison de la quatrième de couverture avec Alexandre Dumas est, à mon sens, parfaitement justifiée.

Eric-Emmanuel Schmitt parvient avec brio à nous apprendre énormément de choses sur cette période, finalement fort méconnue. De nombreuses notes de bas de pages viennent essaimer le récit, mais ces informations, souvent longues, sont elles aussi le fruit des réflexions du narrateur Noam, et non de l’auteur, elles sont donc aussi stylisées que le récit et pleines de la verve du personnage, un pur régal ! Elles véhiculent souvent une idéologie sur la condition humaine qui remet les choses en place, et ça fait du bien.

Mais au-delà de l’apprentissage presque théorique (jamais lourd évidemment !) sur la période, en suivant les aventures de Noam, on suit un petit garçon qui grandit, à défaut de vieillir. C’est toute la condition humaine qui est placée sous nos yeux ébahis. De l’amour aveugle pour le père à la découverte de l’altérité, du respect des traditions à la révolte, de l’apprentissage de l’obéissance à la découverte de l’amour, de la naïveté à la politique. Tout y est ! Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, tant de l’histoire que des personnages et du style. Ce projet titanesque a pris trente années pour se mettre en forme, et on le comprend aisément, c’est une somme romanesque d’une qualité rare, aussi narrativement qu’historiquement. Bref… Vous l’aurez compris… Foncez !

Priscilla