Quand Baudelaire n’est plus un mythe… Oui, je savais que notre grand Charles était un drogué et n’était pas de nature très positive, Les Fleurs du Mal le dévoilent ainsi. J’avais déjà découvert de sombres penchants lors de ma lecture de Baudelaire et Jeanne, mais là, je dois avouer que Jean Teulé met une sacrée claque à l’artiste !
Voici la quatrième de couverture :
Si l’œuvre éblouit, l’homme était détestable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l’approchaient les pires insanités. Drogué jusqu’à la moelle, dandy halluciné, il n’eut jamais d’autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie. Dans ses vers qu’il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l’ignoble et le sublime. Il a écrit cent poèmes qu’il a jetés à la face de l’humanité. Cent fleurs du mal qui ont changé le destin de la poésie française.
Pour commencer, il faut savoir que c’est le premier ouvrage de Jean Teulé que je lis. C’est surprenant ! Ça bouscule, ça dérange, c’est souvent vulgaire, mais c’est souvent juste et beau aussi. J’avoue avoir eu beaucoup de mal avec le grossier, le vulgaire, la débauche décrite dans ses moindres détails. Je pense même, après avoir terminé le roman, que certaines scènes étaient inutiles, mais contre toute attente, j’ai aimé. Et ce n’était pas gagné au départ.
Dès l’enfance, le personnage dérange. Ses penchants pour sa mère sont malsains, son attitude vis-à-vis du monde dès l’adolescence est détestable. Son goût pour le vice, pour la charogne sont présentés comme bien plus qu’une tentative poétique de faire du beau avec du laid. Baudelaire aime le lait, les charognes, le sang, la décomposition, le cadeau qu’il parvient à faire à sa mère m’a plusieurs fois donné la nausée.
Le dandy n’est qu’une façade : Baudelaire est sale, dans l’esprit comme sur lui. Baudelaire est méprisant, imbu de lui-même. Mais ce que Jean Teulé fait admirablement bien, c’est nous le faire détester. Il n’a absolument rien d’attachant : on comprend tous ceux qui lui veulent du mal. Et puis, tout à coup lui viennent les premiers quatrains de ses poèmes envoûtants et il est entièrement racheté, il retrouve une certaine grâce. Magie poétique étrange.
Ce que j’ai aimé aussi, c’est avoir cette impression magique de connaître Gustave Courbet, Gustave Flaubert, les frères Goncourt, Poulet-Malassis, la Présidente… On se promène dans ce Paris en plein chambardement et on s’y sent chez nous.
Il y a également beaucoup de scènes comiques. Tous ces moments où Baudelaire et Jeanne fuient les créanciers, les réponses cyniques et acerbes qu’il répand à l’Académie, dans les salons ou les bars. J’ai souvent souri, parfois même ri. Tout autant que j’ai pu grimacer.
A l’issue de cette lecture, je pense que je lirai Les Fleurs du Mal un peu autrement, peut-être avec plus de gêne, de dégoût, peut-être un peu plus comme on les a reçues à l’époque. Comme Baudelaire voulait qu’elles soient reçues, lui qui voyait comme un honneur d’être honni par le monde entier. N’est-ce pas aussi lui rendre hommage d’une certaine façon ?
Je ne sais pas encore si je retenterai de lire Jean Teulé, Baudelaire a quelque chose de fascinant qui m’a fait accrocher à cette lecture. Pas sûre que cela opère de la même manière avec quelqu’un d’autre. Et vous, Jean Teulé, vous aimez ?
Priscilla
Si l’on veut connaître Baudelaire il faut lire une biographie sérieuse d’universitaire ( et cela ne manque pas) et oublier Teulé. Rien de sérieusement documenté dans ses écrits, juste le goût de choquer pour vendre des prétendues biographies. C’est du journalisme de caniveau ! Teulé m’avait dégoûtée avec son ouvrage sur Français Villon.
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