Les lectures « Coup de poing » des éditions J’ai lu sont décidément des valeurs sûres. C’est pour cette raison, avant tout, que j’ai craqué pour Elle a menti pour les ailes de Francesca Serra, parce que, pour tout vous dire, j’avais un peu l’impression de me lancer dans un roman dont le thème était archi-connu. Et c’est vrai. La jolie jeune fille, entrée au lycée, qui fantasme sur la vie et la popularité des plus grandes stars de terminale ; le harcèlement scolaire… Et pourtant, oui, ce roman fut un coup de poing !
Voici la quatrième de couverture :
Année scolaire 2015-2016, une station balnéaire dans le sud-est de la France. Un concours de mannequins annonce une étape de sa tournée régionale dans cette ville qui ne s’anime d’ordinaire qu’à l’arrivée des touristes en été. Au lycée, Garance Sollogoub, la fille de la professeure de danse, est d’ores et déjà donnée favorite. Son étonnante beauté attire l’attention d’un cercle d’élèves plus âgés, les plus populaires – que Garance, adolescente sans histoire, a toujours vénérés sur les réseaux sociaux. Pour être des leurs, elle va devoir consentir à quelques sacrifices. En échange, ils vont l’initier aux secrets et à la férocité de la meute. Quelques mois plus tard, Garance disparaît.
Premier uppercut : le style. C’est rare que je commence mes chroniques par cet aspect, mais ici, c’est d’une grande puissance. L’autrice navigue avec brio entre le langage SMS et chat Snap ou Insta, dans lequel les adolescents, sans filtre parce que cachés derrière leur écran, se permettent tout ; et un langage tout simplement poétique (les descriptions des corps pendant la danse, des jeux de lumières et de sons dans la forêt sont absolument splendides). Chaque chapitre permet à Francesca Serra de jouer avec les registres de langue, avec les intonations, avec les mots, laissant deviner le fossé qui existe entre la réalité des abords des lycées, celle des réseaux sociaux et celle de l’âme de chacun de ces adolescents.
Deuxième uppercut : le rythme. Le lecteur n’est jamais perdu ; pourtant, les temporalités, les focalisations, les lieux changent au gré des chapitres, parfois même au gré des pages. A-t-on l’entière visibilité de la situation, du drame qui se noue ? Non ! Là encore, les vérités se devinent, la culpabilité glisse, l’humanité est partout. Deux drames dans un lycée, deux filles, trois couples, un concours, une enquête, une destinée. On pourrait facilement être noyé, mais Francesca Serra ne nous laisse jamais couler, et c’est une grande force.
Troisième uppercut : l’histoire. Bien qu’on retrouve dans l’intrigue des éléments connus, cette narration est unique. Il n’y a pas une seule raison à la disparition de Garance, il n’y a pas un seul coupable (et ce ne sont pas que les adolescents), il n’y a pas que la jalousie qui vient semer la discorde. C’est un enchevêtrement de secrets, de ressentis, de trahisons, de personnalités dont personne ne sort vainqueur.
Quatrième uppercut : les personnages. Je suis sûre que vous le voyiez venir. Si Garance est une jeune fille d’une richesse et d’une complexité marquantes, tous les gens qui gravitent autour d’elle sont gâtés par la même variété. Maud n’est pas seulement riche et jolie, Salomé n’est pas que jalouse et vindicative, Vincent n’est pas que le bourreau des cœurs et Souad n’est pas que la gentille petite fille rangée. Les adultes eux-mêmes dysfonctionnent.
Tous ces éléments participent du réalisme très actuel du roman. Ça arrive, ça peut arriver, vite, sans prévenir, chez nos enfants, chez nos élèves. Est-ce tragique ? Pas toujours. Est-ce toujours insoluble ? Probablement pas. Mais c’est touchant, bouleversant et frappant, c’est le cas de le dire !
Priscilla
Ça semble une bonne pioche !
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