On n’attaque pas impunément un petit village du sud car ses habitants sont coriaces, on ne cambriole pas impunément une vieille femme qui vit seule car Elisabeth n’est pas du genre à se laisser faire, mais ça, Julius ne le savait pas. Voici le résumé:

Julius vit seul dans une caravane délabrée derrière les poubelles d’un centre commercial. Le pécule pour son rêve d’appartement cosy, il le gagne en cambriolant les riches demeures villageoises en campagne. Jusqu’au jour où Julius tombe sur une proie coriace, en la personne d’Elisabeth Rasterrane, une vieille femme veuve, riche propriétaire d’une écurie de chevaux ibériques. Bien que claudiquant, elle réussit à le neutraliser et à le séquestrer dans un des box, bourré de kétamine, un anesthésiant puissant. Mais seule, que faire ? Le laisser aux villageois justiciers à ses risques et périls ou alerter la gendarmerie pour qu’il recommence ses agressions d’ici quelques temps ? Tiraillée, bousculée, Elisabeth fait face, s’adapte, doute… avant d’accepter ce qu’elle ne peut empêcher par une ruade du destin.
Bien que très agréable et que prêtant à sourire par moments ( quelques traits de caractères et bons mots) , Dommages est un roman noir. Laetitia Chazel donne l’occasion à Elisabeth » Lisa » de ne pas être une victime, malgré son âge et tout ce qui semble la rendre vulnérable, elle ne tombera pas sous la coupe de son agresseur. La confrontation qu’organise l’auteure entre deux mondes, deux classes sociales, est véritablement intéressante, elle ne défend et n’excuse ni l’un ni l’autre, elle les met l’un face à l’autre, chacun avec sa solitude et son entêtement..
Elisabeth montre durant une grande partie de ce roman une face noire, presque cruelle, elle semble peu touchée par ce que vit son village et ses habitants, pourtant, elle est au centre de ce drame qui remue tant les esprits. Elisabeth devient rapidement une dissimulatrice hors-paire, elle brode et ment avec un aplomb impressionnant.
Julius « Jules César » au milieu de tout ça, reçoit de plein fouet le poids et les conséquences de ses actes. Il doit effectivement penser qu’il n’a pas choisi cette fois le bon village et surtout la bonne propriété car les villageois n’en démordent pas, il est hors de question qu’il s’en sorte aussi facilement.
Vous l’avez compris c’est ici le roman de La France profonde et celle-ci nous montre qu’elle sait se défendre et qu’il est mal venu de briser sa quiétude et sa tranquillité.
Un livre à l’écriture précise qui ne tergiverse pas et va droit au but, un style en osmose avec les personnages qu’il décrit.
Mag