Un premier roman très prometteur que ce Boy Diola. L’auteur nous embarque rapidement avec lui au gré de ses souvenirs de l’histoire de son père dont il ne prend lui-même connaissance que par bribes. Nous voyageons donc avec un plaisir non dissimulé, dans le temps et l’espace : nous passons par les forêts luxuriantes d’Afrique, par l’activité foisonnante de Dakar, par Marseille, par Aulnay-sous-bois. Mais tout cela sans suivre une chronologie rectiligne. J’ai vraiment eu cette impression, propre à l’autobiographie, que nous apprenions les événements au fur et à mesure des récits paternels, des rencontres avec les amis, avec les oncles, les cousins. Les failles temporelles sont nombreuses, ces bonds dans le temps obligent le lecteur à rester concentré et attentif tout au long de sa lecture. Mais cela se fait sans problème.
Voici la quatrième de couverture :

« Boy Diola », c’est ainsi qu’on appelait le villageois de Casamance venu à Dakar pour trouver du travail. Ce villageois, c’est toi, mon père, Apéraw en diola. À force de côtoyer de trop près la souffrance, tu as décidé de partir. Pendant des mois, tu t’es rendu au port jusqu’à ce que ton tour arrive, un matin de 1969. Tu as laissé derrière toi les histoires racontées autour du feu, les animaux de la brousse, les arachides cultivées toute ta jeunesse. De ce voyage tu ne dis rien. Ensuite, tout s’enchaîne très vite. L’arrivée à Marseille, l’installation à Aulnay-sous-Bois, la vie d’ouvrier chez Citroën, le licenciement, la débrouille.
Odyssée depuis le fin fond de l’Afrique jusqu’aux quartiers populaires de la banlieue parisienne, Boy Diola met en scène, avec une pointe d’humour et beaucoup d’émotion, cet homme partagé entre deux mondes et donne ainsi corps et voix à ceux que l’on n’entend pas.
Si la réalité dépeinte ici ne prête pas toujours à sourire, le narrateur rend vraiment un bel hommage à son papa, car ce qui ressort de ce texte, c’est que même dans les problèmes financiers, dans les soucis de santé, de deuil, il n’a pas été malheureux. L’entraide, la famille, la débrouille et la bonne humeur semblent être les maîtres-mots de cette vie de famille. En outre, le père est une vraie personnalité, il oscille entre la naïveté, l’aspiration à la tranquillité et une répartie incroyable. J’ai particulièrement aimé sa réaction face à la couleur rouge.
Je vous invite donc chaleureusement à découvrir cet agréable premier roman vous passerez un excellent moment et normalement, en le refermant, vous devriez vous dire « Déjà ?!… ». C’est un texte drôle, touchant, dépaysant, révoltant aussi parfois, mais sans être grave, et ça, c’est un coup de maître. Il paraît aujourd’hui aux Editions Flammarion.
Priscilla (@Priss0904, @litterapriscilla, Page Facebook)